Découverte dans le registre paroissial de LAROQUEBROU en 1631

Les registres paroissiaux sont parfois riches en renseignements !

On retrouve dans le registre paroissial de Laroquebrou, 1631 (AD CANTAL)

« Les paouvres » étouffés durant l'enterrement de Monseigneur le marquis.
Laroquebrou, Cantal, 1631.

Acte trouvé et retranscrit par "Génialogie"(page facebook) que nous remercions pour son partage

(voir retranscription ci-dessous)

PETIT RAPPEL HISTORIQUE

Voir lien arbre généalogique sur Généanet

La famille de Montal dont le nom est attaché au château, reste propriétaire jusqu'en 1593 où Rose, fille de Gilles de Montal et de Catherine d'Ornezan épouse le 19 septembre François de Peruse d'Escars.

Leur fils, Jacques III de Pérusse des Cars (†1631), fut marquis de Merville et de Montal, seigneur de Taillecavat, de Caubon, de Castelnau. Grand sénéchal de Guyenne. Marié en 1620 à Madeleine de Bourbon-(Lavedan)-Malause , Dame de Laroquebrou.

Jacques de Pérusse des Cars, marquis de Montal, de Merville et seigneur de Laroquebrou, malgré ses titres, venait d'être condamné à mort par le parlement pour l'assassinat de son oncle Vincent de Montal-Montvert.

Afin de solliciter sa grâce auprès du roi Louis XIII, il décida de monter à Paris. Après une entrevue avec le roi, les cavaliers de la maréchaussée vinrent l'arrêter. Il fut tué en leur résistant.

Son inhumation sur ses terres de Laroquebrou sont l 'occasion d'une fastueuse cérémonie durant laquelle une aumône générale est faite aux pauvres. Il y a donc affluence ce jour-là au village. Une affluence mortelle.

Retranscription de l’acte :    « Année 1631.

Le septiesme jour du moys de janvier (1631), haut et puissant seigneur noble messire Jacques Des Cars et de Montal, marquis de Laroquebrou, de Montal et de Merville, estant allé à Paris, ville cappitale du royaume et ayant esté veu (vu/reçu) amiablement de Sa Majesté, feust attaqué dans son logis par des gens armés portant la livrée du roy, en laquelle attaque il feust tué et son corps porté depuis Paris en la présente ville de Laroquebrou où il arriva le vendredy au soir vingt quatriesme dudit moys de janvier et a esté déposé (et exposé) en la chappelle St Nicolas du chasteau de Laroque depuis ledit jour, attendant que les apprests des honneurs funèbres soyent faicts suivant le désir de haute et puissante dame noble Magdelaine de Bourbon, veuve dudit seigneur … Plaise à Dieu tout puissant donner bon repos à l'âme d'iceluy au ciel ».

« Le dix septiesme jour du moys de février 1631, le corps de Monseigneur le marquis de Montal a esté apporté solennellement de la chappelle de St Nicolas en l'églize Notre Dame de la Miséricorde de la présente ville avec grand convoy et assemblée de noblesse de gentilshommes vassaux et autres, spéciallement de messieurs les consuls et juges de la ville d'Aurillac avec quatre grands flambeaux (et) un drap mortuaire de velours noir qui couvroit le corps et marchoient lesdits consuls portant la livrée du roy … et des ecclésiastiques au nombre de quatre vingts dix huict sans (compter) les religieux de divers ordres.
Le corps a esté porté par un prêtre revestu de surplis et de drap mortuaire (et) de quatre gentilhommes vassaux.
La cavalerie, l'infanterie, leur trompette et tabour (tambours) paradoyent leurs chevaux bardés.
Cent paouvres (pauvres) vestus de noir tenant un flambeau allumé … à la main alloyent devant le clergé … Monsieur l'abbé de Gramond, crossé et mitré (avec) quatre de ses religieux … accompagnoyent le corps et firent l'office ».

« Le dix sept février 1631, jour de l'enterrement du corps de mondit seigneur le marquis, grande quantité de paouvres … vinrent prendre l'aumosne qu'on distribuoit générallement sur le pont dudit Laroquebrou, à cauze de la grande foule et presse desdits paouvres qu'on estimoit à plus de 4000, en furent occis suffoqués ou alanguis de faim qui restèrent morts sur le tard jusqu'en nombre de quinze parmi lesquels feust Jean Iguilher fils à feu Anthoine, aagé de 16 ans. Item Jeanne del Batut dicte vulgairement la Cayrarde, aagée de 60 ans.
Plus ont esté apportés au cimetière de Brou autres troys paouvres garçons estrangers... Les autres paouvres estant morts ont esté transferrés ailleurs en leurs paroisses par leurs parents qui les ont recogneus (reconnus).
Et estimé en le nombre de paouvres qui sont morts dans ladite presse envyron dix huict ou dix neuf, lequel (nombre) on n'a pu vérifier, notamment à cause du soudain transport qu'on a faict d'iceux ès paroisse (dans leur paroisse)»

Acte original difficile à lire pour les non habitués !!!
L'orthographe de l'époque a été conservée.

Il est surprenant de découvrir un tel acte dans des registres paroissiaux !! Un grand merci au curé de l'époque.